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La Lanterne
17 février 2008

L'Impossible Monsieur Bébé (Howard Hawks, 1938)

limpossiblemonsieurbebe01J’ai découvert L’Impossible Monsieur Bébé pour la première fois chez moi, en DVD. Il m’avait alors peu emballé. Puis, je suis retourné le voir hier soir à la Cinémathèque. L’admirer sur grand écran, au milieu des autres spectateurs, m’a révélé sa véritable valeur : il va sans dire que le film est un chef d’œuvre ! On ne le répètera jamais assez : mieux vaut découvrir un film au cinéma que devant sa télévision… 

 

limpossiblemonsieurbebe02Howard Hawks n’attendit pas les fougueux journalistes de la Nouvelle Vague française pour se qualifier lui-même d’auteur. Sa liberté, il la gagne en produisant ses propres films. L’Impossible Monsieur Bébé est réalisé pour la RKO alors qu’Hollywood connaît un nouvel âge d’or et que le star-system est à son apogée. Le scénario est adapté d’une histoire d’Hagar Wilde, susceptible selon Hawks de faire une bonne comédie : à la veille de son mariage, David Huxley est sur le point de compléter un squelette de dinosaure très rare, d’obtenir un don d’un million de dollars pour son musée et de se marier avec un bloc de glace. Trois objectifs qui seront perturbés par une rencontre : Susan Vance, jeune héritière imprévisible,  s’éprend du scientifique et le convainc de l’accompagner chez sa tante à qui elle doit remettre un léopard apprivoisé (!)…

   

limpossiblemonsieurbebe03Le film est une véritable bombe ! L’Impossible Monsieur Bébé n’est pas une comédie commune : Hawks est loin d’avoir peur de l’excès. Il emprunte ses lettres de noblesse au burlesque voire au cartoon pour conférer à son film une dimension tout à fait irréaliste. Les séquences s’enchainent, toutes plus invraisemblables les unes que les autres. Certes, le risque était de taille mais il valait le coup. Les acteurs semblent avoir le champ libre pour laisser éclater leur grain de folie. Cary Grant et Katharine Hepburn, couple génial, prouvent qu’ils excellent en matière de comédie. Hawks en fait des marionnettes. Chaque personnage devient une caricature. Les corps de métiers sont tous convoqués pour être tournés en ridicule : scientifique, chasseur, avocat, sheriff, etc. Sans oublier le psychanalyste qui déclenche malgré lui l’attrait de Susan pour David (avec au passage la pichenette personnelle de Hawks sur toute la science freudienne). Mais si le tout provoque de jolies étincelles, c’est avant tout grâce aux héros : la gaffeuse insouciante et le scientifique rongé par les conventions. Au milieu de tous ces clowns, ce sont les animaux qui se marrent : le léopard apprivoisé et le chien semblent s’en donner à cœur joie pour faire tourner les autres en bourrique. Un comble ! Nul n’est besoin de préciser qu’on rit beaucoup devant ce film. Mais la comédie, contrairement à sa légèreté apparente, est une affaire très délicate au cinéma. Hawks fait ici des prouesses. Outre un scénario extravagant quoique très bien ficelé, il convoque tous les clichés du genre et approuve ses acteurs quant à un jeu volontairement exagéré. Le découpage du film, extrêmement dynamique, lui donne l’énergie que l’on trouvait dans les burlesques de Chaplin ou de Keaton. Une œuvre majeure et fondamentale dans l’Histoire de la comédie au cinéma.

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