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La Lanterne
18 février 2008

Ascenseur pour l'échafaud (Louis Malle, 1957)

ascenseurpourlechaffaud01Si le phénomène "Nouvelle vague" ne débute concrètement qu’en 1959 avec Les 400 Coups et A bout de souffle, il est des auteurs de la même génération qui anticipent le mouvement. Louis Malle est de ceux-là. Après avoir prêté main forte au long-métrage du Commandant Cousteau Le Monde du silence (palme d’or en 1953), il se lance dans l’adaptation avec Ascenseur pour l’échafaud d’après Noël Calef pour ce qui sera son premier film d’auteur : Julien vit une passion endiablée avec Florence, la femme de son patron. Les deux amants mettent au point un stratagème pour supprimer le mari, un requin des finances particulièrement encombrant. Julien, une fois le méfait accompli et les éléments mis en place pour conclure au suicide, est sensé rejoindre Florence au café. Malheureusement il oublie la corde qui lui a permis d’accéder au bureau de son patron. Laissant le moteur tourner, il fait demi-tour pour rapidement corriger son erreur. Malheureusement, il reste bêtement bloqué dans l’ascenseur. Pendant ce temps-là, sa voiture est volée par un jeune loubard et sa copine, qui au passage usurpent aussi son identité…

ascenseurpourlechaffaud02On dit souvent que Louis Malle fut un auteur-clé dont les films étaient plébiscités par les américains. L’œuvre en question, sans mauvais jeu de mots, ne fait que leur renvoyer l’ascenseur tant son intrigue est traitée « à l’Hollywoodienne ». Comme tous les auteurs français de sa génération, Malle était un féru d’Hitchcock. En élève appliqué, il réemploie les codes du maître du suspense à sa sauce. Les scènes de meurtres sont soigneusement filmées, la trame est parsemée de MacGuffins les plus divers et les personnages subissent une maltraitance affligeante à l’image de Julien, bêtement cloitré dans son ascenseur. Le tout aboutissant au triomphe de la justice et à la descente aux enfers de la femme dite « fatale ». La photographie participe amplement à ce climat « américanisant » de même que la musique de Miles Davis dont les improvisations se greffent avec maestria sur les images pour accentuer le suspense ambiant. Il en est ainsi lors de l’interrogatoire « à la Maigret » qui confronte un Maurice Ronet bafoué aux inspecteurs sans-pitié Lino Ventura et Charles Denner. Mais Ascenseur pour l’échafaud ne se contente pas de mettre bêtement en pratique les codes du polar américain traditionnel. Le premier film de Louis Malle témoigne déjà d’une optique « Nouvelle Vague » puisque le cinéaste use de décors naturels en posant directement sa caméra dans Paris. Pour le ton, il fera plutôt appel au « Réalisme poétique » qui fit les heures de gloire du cinéma français dès la fin des années 30. C’est ainsi que les plus beaux moments du film demeurent ceux où Jeanne Moreau (alors actrice débutante) déambule en silence dans Paris à la recherche de son amant alors qu’une voix-off envoutante permet au spectateur d’infiltrer ses pensées. En revanche, l’histoire de la fleuriste et de son jeune amoureux est bien moins convaincante tant leurs actes sont dénués de sens. Leurs scènes ont mal vieilli : le lyrisme qui devrait planer sur leur scène de suicide a disparu et la bêtise dont ils font preuve provoquerait presque le rire.

ascenseurpourlechaffaud03Néanmoins dans son ensemble, Ascenseur pour l’échafaud demeure un film très efficace, un coup de maître pour une première expérience solo. Louis Malle réunit les convictions du cinéma français et du cinéma américain de l’époque. Son film prend essentiellement une valeur transitoire, relais d’une ère vers une autre. Il nous permet aussi de découvrir Jeanne Moreau dans un de ses rôles les plus envoûtants. Et tant pis si Malle fait de son film de genre un exercice de style au sens noble du terme. Il est évident qu’un auteur est né.

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