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La Lanterne
18 février 2008

Will Hunting (Gus Van Sant, 1997)

willhunting01S'il devait être érigé une liste des plus grands auteurs américains contemporains, Gus Van Sant serait pour sûr l’un des premiers noms qui viendraient en tête à tout cinéphile. Car oui, Van Sant est essentiellement un cinéaste de cinéphiles. Pour preuve : ses trois derniers films étaient en compétition officielle à Cannes dont il est reparti presque à chaque fois les bras chargés de récompenses. Il n’est pas de ces réalisateurs américains qui attirent les foules à la manière d’un Tim Burton ou d’un Martin Scorsese. Et pour cause, ce n’est pas un cinéaste de l’action mais bien de la contemplation. Elephant, son film le plus connu (en tout cas en France car labellisé « palme d’or ») est très représentatif de la plastique et des obsessions qui recouvrent la globalité de son œuvre. A l’heure où le dernier opus du cinéaste sort en salles et où tous ses autres films font l’office d’une rétrospective à la Cinémathèque Française, Gus Van Sant est plus que jamais à l’ordre du jour.

willhunting02Contrairement aux apparences, s’il est aujourd’hui plébiscité pour ses expérimentations cinématographiques en marge du système, Gus Van Sant est aussi passé par Hollywood. Or, après avoir observé le parcours du cinéaste de Gerry en Paranoid Park, il est intéressant de revenir en arrière pour analyser le propos que notre auteur tenait lors de son âge d’or au sein des studios. A mon humble avis, Will Hunting est loin d’être un film rongé par le conformisme hollywoodien. Van Sant est un véritable auteur qui ne s’est jamais véritablement détourné de ses thèmes principaux. L’histoire est celle de Will, un génie qui sacrifie le brillant avenir que pourrait lui procurer son intelligence au profit d’une vie rebelle où se succèdent tournées de bars et petits boulots. Lors d’un après-midi, une dispute tourne mal et Will se fait arrêter. Malgré ses antécédents judiciaires, il évite l’incarcération grâce au professeur Lambeau qui avait repéré son don pour les mathématiques. Il lui propose de le sortir de prison à la condition de se remettre aux maths et de voir un psychologue. A la vue de ce synopsis, on serrait tentés de croire que Gus Van Sant est tombé dans un piège. Qu’est-il de plus anti-cinématographique que cette fameuse « psychologie » posée telle quelle sur le papier avant d’être imprimée sur pellicule ? Mais notre cher Gus a plus d’un tour dans son sac et arrive à détourner judicieusement le problème. Ainsi, le rapport qu’entretient Will et son psychiatre n’aboutira pas à une quelconque « guérison » . Il n’est pas question d’un rapport entre un psy et son patient mais d’une amitié naissante entre deux être seuls et malheureux. Le personnage de Will est cinématographiquement moins complexe qu’il n’y paraît. On ne nous explique pas quels sont ses problèmes les plus secrets. L’essentiel, c’est de rendre compte de sa prise de conscience et de son évolution à travers ses actions. C’est exactement ce à quoi s’emploie le scénario et ce que cherche à démontrer Gus Van Sant par la mise en scène.

willhunting03Dix ans plus tard l’auteur n’a pas vraiment changé. Van Sant est le cinéaste de l’adolescence. Ses personnages sont entre l’enfance et l’âge adulte, confrontés à une société grisante dans laquelle ils perdent pied. Les conventions, les lois, les sentiments… tout cela n’a plus aucun sens. Il en est ainsi pour les derniers films du cinéaste (Elephant, Paranoid Park, etc.). Will Hunting pose le même problème en passant par un personnage passionnant qui joue de son intelligence contre les conventions de la société. Et ce n’est pas le psy qui l’encouragera à rentrer dans le rang. Le but, comme dans tous les autres films de Van Sant, c’est de trouver une issue. Or, la merveilleuse et simple franchise des scénaristes pousse le film à proposer l’amour comme échappatoire. Gus Van Sant s’approprie ces éléments pour les faire siens. De ce fait, il fait preuve d’une mise en scène audacieuse et éclatée, à l’image de ces champs contrechamps tranchés dans le vif. L’instantanéité est le maître mot : tout est filmé comme dans l’accidentalité et non dans la préméditation. Ainsi contre toute attente, c’est la mélancolie qui nous frappe dans Will Hunting. Une mélancolie dépourvue de désespoir, ce qui la rend différente des films modernes de l’auteur, sans être moins belle pour autant.

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Commentaires
T
Non je l'ai pas vu mais on m'en a dit beaucoup de bien ! Il parait que dans le ton il s'inspire du "Rusty James" de Coppola... Je te fais signe si je passe à Toulouse =) Bizz
D
Juste une question, tu as déjà vu "My Own Private Idaho" de Gus et avec Keanu Reeves et River Phoenix?<br /> C'est un très bon road movie bien décapé. Je l'ai en DVD alors si t'es de passage a Toulouse fais moi signe ;)
La Lanterne
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