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La Lanterne
20 février 2008

Paris (Cédric Klapisch, 2008)

paris01Depuis la fin des années 50 Paris reste la ville qui fait majoritairement office de décor dans les films français, certains réalisateurs arrivant à la mettre en valeur plus que d’autres (Varda, Honoré, Truffaut, j’en passe et des meilleurs). Le projet de Klapisch s’inscrit dans la même lignée géographique qui avait vu naître L’Auberge Espagnole et Les Poupées Russes. Retour au pays, le réalisateur pose ses bagages et sa caméra dans les rues de la capitale. Assumant pleinement l’effet carte postale, il fait à nouveau appel au genre choral pour dresser le portrait de son Paris à lui. Mais son Paris c’est aussi celui de Pierre, ancien danseur victime d’un problème cardiaque et qui vraisemblablement n’en à plus pour très longtemps. C’est celui d’Elise, assistante sociale qui subit la vie plus qu’elle n’en profite. C’est celui de Roland, professeur universitaire qui tombe amoureux de l’une de ses élèves. Bref, le Pari(s) de Klapisch, c’est le Paris de tout le monde !

paris02Paris n’innove en rien en ce qu’il use des mêmes ficelles que les précédents Klapisch. Or au bout d’un moment, le principe finit par lasser. Faire un film choral est une entreprise périlleuse et un bon casting ne suffit pas à rattraper les erreurs. Paris marche pourtant assez bien dans sa première heure. Klapisch ouvre majestueusement son film sur un montage efficace fait de morceaux de paysages et de bribes de conversations. S’en suit la présentation des personnages : étape aussi bien réussie tant les caractères sont solides et les appartenances sociales bien définies (le danseur, le marchand, l’assistante sociale, l’architecte, le prof, l’étudiante, etc.). Dans un premier temps, le scénario participe énergiquement de l’évolution des êtres. Klapisch, comme a son habitude, est très à l’aise dans le domaine comique et laisse entrevoir quelques bonnes idées (l’émission TV du prof, la séquence chez le psy, la séduction de la collègue assistante sociale, etc.). Malheureusement tout finit par s’embourber, la structure s’effondre et l’énergie s’échappe. Très vite les personnages font face au deuil, à la nostalgie, à la solitude. Klapisch lâche ses acteurs (à proprement parler) dans la faune parisienne. Dès lors, chaque interprète n’a plus qu’à défendre sa peau. Le film fonctionne ainsi en roue libre sur le capital sympathie de tel ou tel personnage : un mode de fonctionnement qui tournait à plein régime pour L’Auberge espagnole, qui commençait à rouiller pour Les Poupées russes mais qui désormais est définitivement bon pour la casse. Nous sommes donc poussés à faire le tri entre bons et mauvais acteurs. Le trio de tête assure : Juliette Binoche (dont les rires et sourires nous font toujours autant craquer), Fabrice Luchini (à qui l’on s’accroche de bout en bout) et Romain Duris (décidemment avec Louis Garrel l’acteur le plus intéressant de sa génération). On notera aussi les jolies performances de Julie Ferrier et Karin Viard, sans plus.

Un film choral peut facilement être redécoupé en morceaux. Profitons de cette option pour sauver le magnifique rapport frère-sœur qu’établit Klapisch entre Romain Duris et Juliette Binoche. Profitons-en aussi pour retenir sa vision de la ville traitée tel un personnage sous tous ses angles (Paris gastronome, Paris mode, Paris étudiante, Paris historique, etc.) et tant pis si le tout tombe dans le stéréotype voire dans le hors-sujet (le voyage du Camerounais).

paris03Le regard du réalisateur sur Paris n’est pas critique, il est bienveillant. Dès le début du film, Romain Duris avoue que son passe-temps préféré est d’observer les badauds, qu’il aime en faire les héros des histoires qu’il s’invente. C’est tout à fait le regard que porte Klapisch sur ses personnages. Du poissonnier à l’architecte, de l’assistante sociale au professeur, tous sont à considérer. C’est cet intérêt porté à chaque individu qui permet la très simple identification aux personnages de Paris. C’est aussi ce qui fait de Klapisch un cinéaste très apprécié en France. Pourtant les caractères de ses films (et notamment de celui-ci) sont peu réalistes et tombent facilement dans le domaine de l’illusion. Difficile de croire que ces quatre mannequins sortis de leur défilé aient choisi comme projet de fin de soirée d’aller draguer des poissonniers. Les ficelles de Klapisch sont carrément fluorescentes ! On les renifle à cent mètres. De même que ça ne fonctionne pas lorsqu’on tente de rapprocher Juliette Binoche et Albert Dupontel (franchement quel couple improbable !). Paris est traité tel un cliché, Klapisch l’assume dès le début et le spectateur accepte finalement le postulat. Ce qui est moins acceptable c’est la tendance générale du film à la banalité. Il serait temps pour le réalisateur d’Un air de famille  de se réveiller et de passer à autre chose !

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Commentaires
M
Critique vraiment très bien tournée, ça rejoint un peu tout ce que j'ai pu ressentir à la vue de ce film. J'ai aimé certaines scènes prises séparément, mais pas le film dans son entier...<br /> <br /> Autant j'avais adoré "L'auberge espagnole" et "Les poupées russes", autant "Paris" ne me laissera pas un souvenir impérissable !
P
Je m'attendais à mieux de la part de Cédric Klapisch. Trop d'histoires sont survolées faute à un projet sans doute trop ambitieux. <br /> Reste effectivement les scènes entre Romain Duris et Juliette Binoche (tous les deux excellents) qui constitue le meilleur de 'Paris'
F
Eh oui ... au risque de me faire crier dessus, j'ai du mal à lire ces critiques sur Klapisch ... ce n'est certes pas LE film de cinéphile - et le réalisateur en a conscience et le dit clairement - mais soyons honnêtes, ce film n'est-il pas un brin d'air, de poésie laissant enfin de côté les clichés des nanards français carrément ratés ??<br /> <br /> Klapisch est pour moi un réalisateur qui ose dans son innovation. Son casting est un fantasme mais on sent les acteurs libres, émouvants, vrais .. <br /> Duris incarne enfin un personnage autre que Xavier et son talent se prouve de film en film. La beauté de Juliette Binoche, trop rare ces derniers temps en France, est émouvante tout comme Fabrice Luchini. Le comédien qui nous habitue à ses interventions truculentes, est ici un professeur réellement touchant par sa sensibilité, son inhabilité à communiquer ... il en devient presque la révélation de ce film.<br /> <br /> Vous semblez avoir tout de même apprécié le film même si vous lui reprochez son manque d'innovation, sa lassitude. Je peux le concevoir même si ce n'est pas mon point de vue. Mais quant à dénigrer ce film français comme le font toutes les critiques de journaux spécialisés, je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas un film qui se dit prétentieux, bien au contraire. Tous les acteurs ne forment plus qu'une pensée : celle d'une personne vivant à l'heure actuelle à Paris et rencontrant tous ces sentiments exprimés durant le film.
T
Très approprié !!! :p <br /> & vive Friends !
P
"He's not even appreciated in his own time! Oh my God...I'd do anything no to be appreciated in my own time!!"
La Lanterne
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