L'Orphelinat (Juan Antonio Bayona, 2007)
Les espagnols veulent nous faire croire que la maternité est un thème qui leur est propre. Pour ne citer que deux auteurs, et pas des moindres, évoquons le chef de file Pedro Almodovar et son outsider Alejandro Amenabar. Le premier, en mettant les femmes au cœur de son œuvre, se retrouve dans l’impossibilité d’éviter le sujet. Tant mieux puisque traité avec finesse et passion, il constitue désormais l’un des piliers de tout son œuvre. Parmi ses opus les plus réussis sur le sujet citons Talons aiguilles, Tout sur ma mère et bien entendu le tout récent Volver. Quant à Amenabar, conteur aux inspirations diverses, c’est dans un souffle hollywoodien qu’il nous servit le très honorable Les Autres baigné d’un aura macabre captivant au possible. Sans aucun doute, le jeune réalisateur Juan Antonio Bayona avait les mêmes aspirations en tête lorsqu’il se lança dans l’aventure que représente ce fameux Orphelinat. Le projet fut produit par Guillermo Del Toro qui tomba sous le charme du scénario rédigé par Sergio G. Sanchez.
Bien des années après l’avoir quitté, Laura rachète l’orphelinat dans lequel elle a grandi avec pour but d’y ouvrir un centre pour handicapés. Elle rénove ainsi les lieux auprès de son époux et de Simon, son fils adoptif qui souffre d’une grave maladie. Ce-dernier commence à multiplier les amis imaginaires sans que ses parents ne prennent la chose au sérieux. Le jour où il en vient à disparaître, les souvenirs qui hantent les lieux refont surface…
L’Orphelinat, il est vrai, dispose d’un scénario plutôt solide qui exploite ces thèmes si larges que sont la mort, l’enfance et surtout la maternité. Les personnages se veulent concrets, tous dénués de secrets tant le début du film s’attache à nous déblatérer leur biographie. Le seul élément qui ne manque pas de mystère, c’est le lieu : un orphelinat hanté dont l’apparence gothique a de quoi faire froid dans le dos. Bayona connaît ses classiques et réemploie à tout va les petites astuces qui firent le succès des grands films fantastiques toutes époques confondues (de Shining à Sixième sens). L’Orphelinat nous sert ainsi de beaux moments de suspense, voire de réels frissons (le paroxysme se trouve drôlement atteint en pleine partie d’1, 2, 3 soleil) mais son réalisateur n’innove en rien. Si le film nous tient en haleine de bout en bout, c’est par des ficelles qui ont déjà faits leur preuve et commencent dangereusement à lâcher du lest. Le tout est néanmoins épaulé par un casting de choix (très convainquante Belen Rueda, my(s)thique Geraldine Chaplin,...) et une photo très soignée. Même si finalement on ne s’ennuie guère devant cette effusion de tours de passe-passe (tous les tiroirs du scénario se referment subtilement les uns après les autres), l’affreuse finalité du film nous restera néanmoins en travers de la gorge. En quelques minutes, Bayona détruit tout le semblant de subtilité qu’il a peiné à édifier. Quelle bêtise ! La fin est digne d’un film hollywoodien auquel l’auteur n’aurait pas réussi à imposer son final cut (et pour le coup, le producteur aurait été un bel imbécile – mais non, c’est Guillermo Del Toro !). Confusion totale. Quelle bourde…