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La Lanterne
22 mars 2008

African Queen (John Huston, 1951)

theafricanqueen01John Huston est un cinéaste pessimiste. La désillusion et l’échec habitent ses personnages, de Faucon Maltais en Désaxés. Pourtant, avec African Queen, son regard s’éclaircit le temps d’une heure et demie. Oh bonheur ! Peut-être est-ce pour cela qu’il est devenu par la même occasion son film le plus célèbre. Il marque ainsi la sixième collaboration du cinéaste avec Humphrey Bogart, qui se voit associé pour la première et dernière fois à la mythique Katharine Hepburn. L’acteur raflera pour ce film le seul oscar de sa carrière. Pour l’anecdote, l’entreprise African Queen prit des allures d’Odyssée lors de son tournage en territoire africain où toute l’équipe fut contaminée après avoir bu de l’eau (seule exception : Bogart qui allait jusqu’à se laver les dents avec du scotch). Plusieurs années après (en 1988), Katharine Hepburn ira jusqu’à publier ses souvenirs sous le titre « African Queen ou Comment je suis allé en Afrique avec Bogart, Bacall et Huston et faillis perdre la raison ». Plutôt exotique pour des acteurs hollywoodiens habitués au confort des studios ! A l’évidence, l’aventure se poursuivit au-delà du film qui pourtant s’avérait déjà bien dense.

Nous sommes en plein cœur de l’Afrique, en 1915. Miss Rose Sawyer, vieille fille anglaise d’une quarantaine d’années, se consacre depuis bien longtemps à l’évangélisation des Noirs. La guerre éclate en Europe et le village dans lequel elle vit voit débarquer les troupes allemandes qui ravagent tout sur leur passage. Le marin-facteur et trafiquant d’alcool Charlie Allnut lui vient en aide. Ils s’engagent à descendre un dangereux fleuve sur un vieux rafiot, l’African Queen, afin de rejoindre l’Atlantique et de prêter main forte aux troupes anglaises contre l’empire allemand.

theafricanqueen02John Huston est sur tous les fronts : son African Queen s’affiche à la fois comme film de guerre, d’amour et d’aventures. Et si le tout peut sembler superficiel à première vue, au fur et à mesure que l’histoire avance nous tombons incontestablement sous le charme. Les péripéties s’enchaînent, toutes plus exotiques les unes que les autres, plongeant les deux interprètes dans des situations folles et exaltantes. S’inspirant souvent de la screwball comedy, Huston conjugue rire et romance, le tout dans un paysage idyllique magnifié par le technicolor de Jack Cardiff. Les enjeux narratifs sont plutôt farfelus (suffit-il pour cela de noter les exagérations multiples d’Hepburn face à l’alcoolisme de Bogart), au même titre que l’histoire d’amour qui nous parait impossible à première vue tant il est évident que les deux caractères sont incompatibles : une vieille fille très croyante et un vieux célibataire primitif et alcoolo.

theafricanqueen03Et pourtant ce qui surprend le plus dans cet African Queen, c’est la qualité de l’interprétation. Bogart et Hepburn enflamment leur personnage comme jamais, en amour comme en ouvrage. Leur projet initial (le combat contre une flotte allemande) est carrément utopique, mais ils en arrivent à bout ! Alors certes, les scènes dites « d’action » ont vieillies (particulièrement les descentes de l’African Queen dans les chutes d’eau) mais peu importe, l’œuvre conserve son charme. Encore aujourd’hui, peu de films dits « d’aventures » arrivent à proférer une telle dimension romanesque. Au regard de toute une histoire du cinéma, ainsi filmé loin des studios, le film est tout à fait illustrateur d’une volonté modernisatrice au sein du cinéma hollywoodien (encore discrète, je vous l’accorde). Mais bien que n’étant pas révolutionnaire, The African Queen reste incontestablement un excellent divertissement (et cela dans le sens le plus hollywoodien du terme). En conséquence, je vous le conseille !

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