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La Lanterne
29 mars 2008

Il y a longtemps que je t'aime (Philippe Claudel, 2008)

ilyalongtempsquejetaime01Cinéma et littérature sont deux arts bien distincts. Quand il s’agit d’adaptation, la tendance voudrait que le second prenne le pas sur le premier. Combien de fois a-t-on entendu à propos de tel ou tel long-métrage (qu’il soit réussi ou loupé) « oui, mais le livre est mieux que le film » ? Pour Philippe Claudel, la quarantaine, auteur déjà plus ou moins reconnu, la question ne se posera pas. Le voici qui se lance dans la grande aventure du cinéma avec un scénario original sensé témoigner de son bagage littéraire. Sans doute s’est-il dit qu’en enfilant une casquette de réalisateur, ses ambitions d’auteur seraient enfin respectées… Quoi qu’il en soit, il aura au moins eu la bonne idée de faire appel à la trop rare Kristin Scott-Thomas pour interpréter le rôle principal. Elle constitue d’ailleurs la seule motivation pour aller voir le film tant la bande-annonce, un patchwork pathétique de réactions où s’enchaînent les spectateurs en larmes, rebute plus qu’autre chose.

Juliette a passé quinze ans en prison, rejetée par tout son entourage pour des raisons que tout le monde sait mais dont personne ne parle. Après avoir purgé sa peine, sa jeune sœur Léa l’accueille dans sa maison où elle vit avec son mari Luc et ses deux filles adoptives.

ilyalongtempsquejetaime02Il y a longtemps que je t’aime part d’une bonne intention. Le début aurait même de quoi séduire : Kristin Scott-Thomas y incarne un être froid et mystérieux plutôt captivant. Mais au fur et à mesure que les masques tombent, tout intérêt se perd. Le film partait déjà avec un handicap : le sujet (une femme en réinsertion) a été décliné de nombreuses fois, au cinéma et surtout à la télévision. Alors, pour sortir son épingle du jeu, le réalisateur se devait au moins de proposer un film propre, à défaut d’un regard nouveau. Or, le traitement cinématographique de Claudel patauge dans l’amateurisme comme en témoignent ses choix de mise en scène et surtout sa direction d’acteurs. Certes, on sent une volonté de précision, mais elle concerne uniquement des détails de second plan. On n’entre donc jamais véritablement dans l’histoire. A l’évidence le metteur en scène a des épaules bien trop faibles pour supporter un scénario de cette envergure. Fatalement, l’histoire de Juliette tombe dans l’anecdotique. Sans équivoque, on avoue avoir vu le sujet mieux traité à la télévision, dans des séries télévisuelles pourtant mineures comme Joséphine ange gardien ou L’instit. Alors certes, il y a la belle Kristin, qui fait de son mieux. Il y a aussi Elsa Zylberstein, qui fait de même. Mais cela ne suffit pas. On reproche assez régulièrement à certains cinéastes de ne pas savoir écrire. Vous, Monsieur Claudel, vous ne savez pas filmer. Alors pour le bien de tous, merci de bien vouloir vous en tenir à votre plume.

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