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La Lanterne
7 mai 2008

Vivement Dimanche ! (François Truffaut, 1983)

vivementdimanche04Le cinéaste Truffaut s’éteint avec cette œuvre au titre évocateur : « Vivement dimanche ! ». Ainsi jonché de son point d’exclamation, on croirait presque que l’auteur ne demandait qu’à en finir. Pourtant, on sait qu’il n’en est rien tant les idées foisonnaient encore dans son cerveau alors qu’il était en tournage, loin d’imaginer qu’un cancer fulgurant l’emporterait quelques mois plus tard. Voici donc l’œuvre finale du cinéaste le plus humain qu’ait connu le cinéma français. On ne parlera pas de « film-testament » puisque Vivement dimanche ! a pour toute ambition d’être simplement efficace. Le bilan de sa carrière, Truffaut ne le filmera donc jamais. Sa seule détermination ? Prouver qu’il peut signer un bon polar après les échecs populaires de ses trois autres incursions dans le genre (Tirez sur le pianiste, La Sirène du Mississippi et La Mariée était en noir). Fort du succès obtenu par Le Dernier Métro trois ans plus tôt, Truffaut parvient à imposer le noir et blanc à ses producteurs, détail caractéristique en cette première moitié des années 80. Dans les rôles principaux, Jean-Louis Trintignant avec qui il souhaitait travailler depuis longtemps et Fanny Ardant, muse des derniers instants.

Une femme et son amant sont retrouvés morts, assassinés. Le suspect numéro un est bien évidemment le mari, Julien Vercel, un agent immobilier que tout semble accuser. Cloitré au fin fond de sa boutique, il confie à sa secrétaire sulfureuse Barbara le soin de mener l’enquête.

vivementdimanche02Vivement dimanche ! est de toute évidence le polar le plus maîtrisé de son auteur. L’intrigue est tenue de bout en bout sans qu’il ne tombe malencontreusement dans la romance comme c’était le cas pour La Sirène du Mississippi. Truffaut applique avec soin les codes américains piochés chez Hawks ou Huston, tout en leur conférant cette légèreté propre à lui seul. Les rebondissements s’enchaînent conférant au récit un suspense inattendu et fortement agréable. En contrepartie les personnages sont peut-être moins fouillés qu’à l’habitude. Un film comme Tirez sur le pianiste faisait l’inverse, sacrifiant le suspense que pouvait impliquer le récit au profit d’une approche plus romancée du personnage interprété par Charles Aznavour. Pour Vivement dimanche !, Truffaut fera plutôt appel à des archétypes qui d’ailleurs se suffisent à eux-mêmes : d’une part le patron torturé, séducteur tout en étant naïf, d’autre part la secrétaire brune, entreprenante et à la langue bien pendue.

vivementdimanche01Fanny Ardant est d’ailleurs une héroïne de polar idéale. On le sait, Truffaut est l’un des cinéastes qui sait le mieux filmer les femmes. L’actrice en ressort encore plus resplendissante que dans La femme d’à côté, certainement parce qu’ici elle mène la danse avec entrain. Dominatrice à tout point de vue, elle parvient à manipuler son patron, la police, mais également le spectateur dont elle finit par se détacher après un long moment d’enquête commune. Ainsi, le suspense va crescendo. Autour du duo principal on remarque une galerie de personnages loufoques (le curé, la persécutrice du cinéma, le fameux Louison, etc.), tous aptes à laisser libre cour à notre imagination quant à la résolution ultime. La fin est d’ailleurs on ne peut plus truffaldienne (ce qui en soit est idéal pour un dernier film). Le meurtrier pourrait presque être l’auteur, un homme condamné pour avoir trop aimé les femmes (quoiqu’on n’oserait jamais reprocher à Truffaut de les avoir trop sublimées sur la pellicule). La résolution est finalement heureuse, point final agréablement ironique et cérémonieux, à l’image d’une œuvre qui ne l’est pas moins.

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