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La Lanterne
31 mai 2008

Le Canardeur (Michael Cimino, 1974)

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On connaît essentiellement Cimino pour deux de ses chefs-d’œuvre. Le premier, Voyage au bout de l’enfer lui rapporta d’un même élan la révélation et la consécration, notamment aux oscars où il rafla entre autres ceux du meilleur réalisateur et du meilleur film. Le second, La Porte du paradis, fresque violente sur l’Amérique pionnière, eut un effet tout autre : tronqué à sa sortie, il fit couler la United Artists par ses dépassements de budget faramineux. La faillite du producteur alla de pair avec la fin du « Nouvel Hollywood ». Qui aurait cru que le jeune réalisateur du Canardeur, Michael Cimino, soit un jour accolé à une telle malédiction ? Ce premier film est presque une expérience ; l’occasion, offerte par Clint Eastwood, de pouvoir tâtonner de la caméra avant de passer à des projets plus ambitieux.

Thunderbolt, un voleur solitaire, se retrouve par coïncidence dans la voiture de Lightfoot, un jeune aventurier. Les deux hommes deviennent amis. Thunderbolt est à la recherche d’un magot qu’il a dissimulé derrière le tableau noir d’une ancienne salle de classe. En attendant de le retrouver, ils s’associent à deux malfrats, Red et Goody, et organisent un nouveau casse.

lecanardeur02Le Canardeur est le premier et certainement le moins bon film de Michael Cimino. Le thème dominant est l’amitié qui unit les deux héros. En cela, le film s’inscrit dans la tradition des « buddy movies » qui courent sur la deuxième moitié des années 70. Mais une relation aussi simple entre deux potes est loin de se suffire à elle même. Cimino l'utilise néanmoins dans ce but, prétexte à une colonne vertébrale scénaristique. Par conséquent, le braquage qui occupe le milieu du film n’en ressort que plus anecdotique et sans intérêt, même si en soit les scènes sont bien menées et apportent leur lot de suspense. Le final, complètement loufoque, se chargera de mettre un point d’honneur à la bancalité générale du script.

lecanardeur03Ce ne seront pas les personnages qui sauveront le film tant ils sont stéréotypées et fadasses. Seul Eastwood s’en sort indemne, comme d’habitude serais-je tenté de dire, puisqu’il ne fait que briller par la simple mythologie de sa personne, à la fois sage, réfléchi et intrépide. Même le pauvre Lightfoot (Jeff Bridges) est ridicule. Si le film a pu faire un tant soit peu parler de lui à sa sortie, c’est certainement pour ses scènes d’action, globalement réussies sans pour autant révolutionner le genre. L’ensemble a globalement vieilli, même si Cimino est parvenu à caler son petit film dans la catégorie « noble » à côté des cinéastes vétérans américains de la même époque. Assurément, on reconnaîtra quelques jolies manœuvres telles que l’usage ingénieux de la profondeur de champ ou la construction intelligente des cadres ; mais ça s’arrête là. Le Canardeur ou les premiers pas d’un cinéaste en ébullition qui, derrière ses airs de poupon, s’apprête à laisser éclater sa nature rebelle. 

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