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La Lanterne
26 août 2008

La Fiancée de Frankenstein (James Whale, 1935)

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Suite au triomphe de Frankenstein, les studios Universal s’efforcèrent de convaincre James Whale d’en tourner la suite. Le cinéaste aura droit à tous les égards et prendra sur ses épaules l’entière responsabilité du projet, suivant de près l’écriture du scénario ou encore l’élaboration des effets visuels. La Fiancée de Frankenstein sera ainsi l’un de ses films les plus personnels. L’histoire reprend au moment même où on l’avait laissée. Le monstre a survécu à l’incendie du moulin et rode encore dans la vallée. Frankenstein, blessé, a été ramené à son domicile où Pretorius, un savant fou, vient lui rendre visite. Ayant entendu parler de ses prouesses, il cherche à convaincre le scientifique de s’associer à lui pour donner vie à une nouvelle race. Essuyant un premier refus, le commanditaire revient à la charge avec cette fois-ci des arguments de choc : le monstre est dans son camp et souhaite plus que tout avoir une amie de même nature que lui. Préventif, il a enlevé l’épouse de Frankenstein qui ne lui sera rendue que lorsqu’il aura accompli sa tâche.

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James Whale n’a pas pris les choses à la légère en ce qui concerne l’élaboration de ce deuxième volet. Alors que le premier montrait des faiblesses quant à son scénario, il en est tout autre de La Fiancée qui, intelligemment, met cette fois-ci le monstre au premier plan. Conscient du potentiel sympathie de sa créature, James Whale prend soin de l’humaniser. Boris Karloff joue la transition en douceur, toujours aussi étonnant dans sa composition. Il croise en début de film un aveugle qui le prendra sous son aile et lui enseignera la parole. Désormais apte à s’exprimer, le monstre n’est plus victime mais participe activement de l’avancement des faits. Ici, contrairement au premier film où il était dans une position dominante, c’est le docteur Frankenstein qui devient la victime. Whale n’a pas hésité pour La Fiancée à renouveler sa galerie de personnages. Les hommes sont ainsi bien plus caricaturés, à l’image de la servante de Frankenstein, vieille mégère désignée comme représentante de l’humeur générale. Autre nouveauté : la présence d’un méchant, un vrai. Ernest Thesiger fait de Pretorius un monstre aussi terrifiant, sinon plus, que la créature de Frankenstein. Ses ambitions vont plus loin que celles du savant du premier volet : certes il cherche à égaler Dieu, mais il aspire également à créer une nouvelle race. Nous sommes en 1935 et de l’autre côté de l’Atlantique, en Allemagne, Hitler commence à rendre compte de ses véritables intentions. Si l’océan sépare l’Amérique de l’Europe, les fondements du troisième Reich se font entendre dans le monde entier. De toute évidence, Pretorius s’en fait l’émissaire.

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Néanmoins, Whale n’est pas de ces cinéastes extrêmes. Son film ne se limite pas seulement à faire peur. La scène où le monstre rencontre l’aveugle rappelle fortement celle où il jouait avec la fillette dans le premier volet. Ici l’innocence est mise à nu et la poésie apparaît. Le monstre, désormais apte à se complaindre sur sa solitude, réclame une compagne. Comme dans le premier volet il est question d’acceptation, de tolérance, voire d’amour. La fin de La Fiancée de Frankenstein (que nous nous garderons de révéler) apparaît d’autant plus cruelle. Il en reste que le thème de la défiance à Dieu est encore là, Whale prenant d’ailleurs soin de mettre en scène Mary Shelley en tout début de film pour nous rappeler ses intentions. Pareillement, les références à l’expressionnisme allemand demeurent, Whale n’hésitant plus à faire des plans franchement débullés. La Fiancée retourne le sablier, le docteur Frankenstein est conscient de l’immondice de ses actes et, finalement, se voit sauvé in extremis des flammes de l’enfer. Whale profite ainsi de ce deuxième volet pour mener ses personnages en bout de course. La Fiancée de Frankenstein comble ainsi les frustrations que nous laissait Frankenstein. Enfin, les deux épisodes réunis forment une oeuvre qu'on n'hésite plus à qualifier de magistrale. A voir, bien entendu.

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