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La Lanterne
10 septembre 2008

Be happy (Mike Leigh, 2008)

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Mike Leigh est de ces cinéastes qui n’hésitent guère à miser sur des personnages forts. On se souvient de Vera Drake, sa dernière réalisation distinguée à Venise, dont le personnage éponyme aidait clandestinement des jeunes filles à avorter dans l’Angleterre des années 50. Si Be happy se montre bien moins dramatique, il est pourtant construit selon les mêmes règles. Quelques différences cependant : Leigh redevient contemporain et remplace le jeu volontairement pathétique d’Imelda Staunton par celui, complètement excentrique de Sally Hawkins. A l’arrière plan, c’est pourtant toujours la même tristesse qui court dans les rues. Mais nous, c’est sur Poppy que nous nous focaliserons, une institutrice déjantée qui croque la vie à pleines dents. Une vie si originale d’ailleurs que Leigh se passera d’intrigue majeure. On se contentera de la suivre pendant deux bonnes heures à travers les multiples évènements qui égayeront son existence.

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Poppy n’est pas si différente de Vera Drake en ce qu’elle cherche à répandre coute que coute la joie et la bonne humeur. Leur finalité est commune : aider les gens à toucher au bonheur. Si pour Vera, les actions sont risquées et l’enjeu de taille, en ce qui concerne Poppy l’aventure sera nettement moins mouvementée. Son excentricité peut réjouir comme agacer, motiver comme fatiguer. Il en est ainsi pour les protagonistes qu’elle croise comme pour les spectateurs qui l’observent bien installés dans leur fauteuil de cinéma. Les plus persistants chercheront pendant deux heures à briser sa carapace et ce n’est que là qu’ils trouveront au film une raison d’être ; car Poppy est heureuse sans l’être vraiment, elle n’est pas égoïste, jamais jalouse, mais compatit régulièrement au malheur d’autrui tout en cherchant à l’en extirper. Qu’il en soit d’une sœur empêtrée dans une vie rigide, d’un moniteur d’auto-école qui frôle l’aliénation ou d’un élève battu par son beau-père. Alors à son petit niveau Poppy sourit, relativise et, le plus souvent, agit.

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Reste à souligner qu’en comparaison à Vera Drake où l’héroïne risquait la prison, la tourmente qui court dans les rues est bien légère. Les gens s’engoncent dans leurs soucis, souffrent souvent de problèmes relationnels et, dans tous les cas, luttent perpétuellement contre la solitude. Pourtant, dans Be happy, c’est le plus souvent cet arrière-plan qui interpelle. La petite Poppy est bien mignonne et bon an mal an, on finit par se dire que sa philosophie de vie est celle que tout le monde devrait adopter. Malgré cela, l’enjeu est trop léger et Leigh en vient à se répéter. Ne reste du film que le souvenir de quelques rires issus notamment d’un formidable cours de flamenco dispensé par une prof déjantée. L’histoire d’amour qui s’ouvre sur la fin n’a pour conséquence que de conférer au film une amertume supplémentaire, Poppy s’écartant finalement du malheur d’autrui pour entamer son bonheur personnel. C’est joli, certes, mais insuffisamment engagé. De ce fait s’il est une fresque, elle n’est pas sociale ; s’il est un film, il n’est pas comique.

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Commentaires
T
Oui sans doute...
M
Contente qu'au final tu n'aies pas gardé l'étiquette "film mignon"! Par ailleurs je vois pas trop ce qu'il y a d'amer dans ce début d'histoire d'amour (mon côté contrariant sans doute)
M
Mdr. Il suffit de suivre le lien...
T
Please Missayma, peux-tu me donner l'adresse de ton nouveau blog ! Je l'ai perdu :( <br /> Merci d'avance...
M
En tous cas, on passe un bon moment, et Poppy est vraiment attachante. Sur le fond, je suis d'accord avec ta critique.
La Lanterne
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