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La Lanterne
25 janvier 2009

Les Noces rebelles (Sam Mendes, 2008)

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Rares sont les jeunes cinéastes américains qui, comme Sam Mendes, sont portées aux nues dès leur premier film. En 1999, American Beauty remporta un vif succès, raflant notamment l’oscar du meilleur film ainsi que celui du meilleur réalisateur.  Dix ans plus tard, Mendes revient dans la banlieue américaine et prend la courageuse décision d’y faire évoluer un couple désormais mythique : Leonardo DiCaprio et Kate Winslet. A l’aube des années 50, l’heure de leur rencontre. Ils sont jeunes et plein de rêves d’avenir. Elle veut être actrice, lui faire le tour du monde. Rien ne leur fait peur. Mais voilà leur premier enfant qui s’annonce et les époux Wheeler qui s’apprêtent à sagement se poser en banlieue…

Les artistes aiment changer régulièrement de cap, insufflant à leur œuvre nombre de périodes qu’on se plait à comptabiliser et à comparer en fin de parcours. Les Noces rebelles (ou Revolutionary Road, le titre américain se révélant bien plus élégant) marque le début d’une nouvelle période en ce qui concerne Sam Mendes. Pas question ici d’envolées oniriques comme on pouvait en trouver dans American Beauty. La banlieue est dès le début exploitée comme le parking des grandes illusions. Cinq minutes de film et nos deux amants sont déjà rangés. Fin de l’histoire. Le reste n’est que frustration, regret de ce qui aurait pu arriver, illusions perdues de  jeunesse. Revolutionary Road n’est rien de moins qu’un drame sur un couple soumis à la raison. Jusque là, Sam Mendes avançait dans l’action. American Beauty, de même que Les Sentiers de la perdition ou Jarhead fonctionnaient conformément à ce qui se fait depuis toujours à Hollywood, soit sur des enchaînements de situations. Sonne l’heure de la maturité pour le cinéaste, ce qui revient à enfiler des gants et à opérer une dissection à vif sur des personnages relativement inamovibles. La réussite n’en sera que partielle, Mendes tombant trop souvent dans la psychologie, nous rappelant que le drame et plus encore le mélodrame, nécessitent un sens de la narration beaucoup plus pointu.

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Reste les acteurs, juste parfaits. Excepté les dernières minutes du film, assez riches en idées de mise en scène, c’est surtout l’interprétation qui sera source d’émotion brute. Les rescapés du Titanic ont mûris eux aussi. Chez James Cameron, on se contentait de leur gueule d’ange. Aujourd’hui, ô combien l’un et l’autre ont gagné en expressivité. L’alchimie du couple est palpable, et devient ainsi la qualité majeure du film. Les conflits qui éclatent entre les époux Wheeler sont impressionnants  de violence. Par sa mise en scène, Mendes épouse volontiers le point de vue de la femme, privilégiant son désir d’aventure et l’accompagnant dans ses actes de bravoure comme de détresse. Alors, tant qu’à reparler de la banlieue, Mendes en trace un portrait encore plus noir que pour American Beauty, et ce malgré la trompeuse luminosité ambiante. Ainsi, même si Revolutionary Road n’est pas une réussite à tous points de vue, on se réjouit que son réalisateur y ait trouvé un nouveau souffle.

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