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La Lanterne
20 août 2009

J'ai tué ma mère (Xavier Dolan, 2009)

j-ai-tue-ma-mere-15-07-2009-6-gQuand les premiers films sont réalisés par de tout jeunes réalisateurs ils ont tendance à être plus chargés de défauts que la moyenne. Âgé à peine de 20 ans, Xavier Dolan arrive à échapper à la règle. J'ai tué ma mère n'est pas un film parfait mais il peut se targuer d'être suffisamment profond, esthétique et efficace pour qu'on lui accorde de l'attention.

Si sur le plan de la mise en scène, Dolan ne se réclame pas de Truffaut, son sujet est pourtant le même que celui des 400 Coups, soit les rapports difficiles entre une mère et son enfant (pour l'occasion, le "ma mère est morte" lancé au prof sera même de la partie). Le jeune réalisateur est assez malin en ce qu'il traite un thème pour lequel son âge ne lui fait pas défaut, bien au contraire. J'ai tué ma mère a des airs de catharsis, comme si son auteur cherchait à se purger d'une adolescence difficile dont il vient juste de sortir. L'aspect autobiographique du film (dont le scénario fut écrit alors que Dolan n'avait que 17 ans) l'enrichit en ce qu'il apporte un témoignage sincère et direct de la jeunesse contemporaine. Une jeunesse à qui il est rarement offert de s'exprimer en temps réel par le biais d'un long-métrage, qui-plus-est exploité en salle. Et pour cause, tous ces éléments auraient pu faire de J'ai tué ma mère un objet grossièrement expérimental, immature et barbant. Fort heureusement, le jeune auteur se révèle suffisamment objectif et soucieux de la forme de son film pour éviter de tomber dans ce piège.

j-ai-tue-ma-mere-15-07-2009-3-gPourtant l'histoire ne décolle pas vraiment : les rapports entre Hubert et sa mère demeurent inlassablement orageux, sans évolution aucune. Régulièrement, Dolan recourt pourtant à la relance scénaristique afin de maintenir l'intérêt sur son histoire qui sans cela, reposerait simplement sur un éternel constat, une succession de désaccords et d'engueulades. Alors déboulent nombre de personnages secondaires, finalement assez fades et caricaturaux (la prof, la mère d'Antonin,...). Seule l'homosexualité d'Hubert, confirmée au bout d'une demi-heure viendra rebooster le tout, offrant au spectateur une lecture supplémentaire du personnage.

Fort heureusement, la mise en scène parvient à combler le manque d'épaisseur du scénario. Sans être révolutionnaire, l'approche du cadre par Dolan intrigue et sert parfaitement son propos. Ainsi, il use régulièrement de champs-contrechamps violemment tranchés. Les protagonistes s'en trouvent décadrés, comme isolés malgré eux des autres personnages qui spatialement sont pourtant très proches. Isolé, Hubert l'est encore plus que les autres, notamment dans ces beaux passages en noir et blanc où le personnage se confie à la caméra en mode "journal intime". L'emploi de la musique et l'intégration plutôt réussie de scènes oniriques permettent encore de diversifier les formes de langages. En proie à l'expérimentation, J'ai tué ma mère n'a pourtant à l'arrivée rien d'un fourre-tout. C'est au contraire l'aboutissement d'un subtil équilibre esthétique, étonnant de la part d'un jeune homme d'à peine 20 ans. Pour sur, voila un jeune auteur qu'on ne manquera pas de suivre...

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