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La Lanterne
3 mai 2008

Traffic (Steven Soderbergh, 2000)

traffic01Soderbergh est un réalisateur qu’on a encore du mal à cerner, tantôt lancé dans des projets purement personnels et ouvertement auteuristes (Sexe, mensonges et vidéo, Schizopolis, Solaris, Bubble, etc.), d’autres fois plus inspiré par les films à stars et à gros budgets (Erin Brokovitch, Ocean’s eleven, etc.) si ce n’est par de grossières commandes qu’on s’efforce encore d’oublier (Ocean’s twelve, Ocean’s thirteen). La diversité joue un double rôle : soit le bonhomme est éclectique (caractéristique peu commune en ce 21ème siècle), soit il s’agit tout bêtement d’un imposteur. Personnellement, je penche pour la première solution tant Soderbergh laisse transparaître film après film des obsessions profondes qui traduisent un malaise évident quant à la représentation de son propre pays. A ses yeux le territoire américain est sale, rongé par le vice, aveuglé par l’argent et tout ce que représente son pouvoir. Prenant à parti les réseaux de drogue, Traffic s’affirme magistralement dans cette dimension accusatrice.

traffic02Robert Wakefiel vient d’être nommé à la tête de la lutte antidrogue par le président des Etats-Unis lorsqu’il découvre que sa propre fille est toxicomane. Helena Alaya mène une vie paisible à San Diego jusqu’au jour où son riche mari Carlos se fait arrêter pour trafic de drogue, la laissant sans autre choix que de prendre le relai pour assurer son avenir et celui de son enfant. Montel Gordon et Ray Castro sont des agents de la Drug Enforcement Administration chargés de la surveillance du trafiquant Eduardo Ruiz, subalterne de Carlos sensé témoigner contre lui à la cour. Au Mexique, l’officier Javier Rodriguez travaille sous les ordres du général Salaza où il se trouve en permanence confronté à la corruption.

traffic03On sait combien il est difficile de miser sur le film choral. Or, Soderbergh applique l’exercice avec brio et dresse un thriller politique tout à fait cohérent. Les destins de tous ces personnages s’imbriquent naturellement les uns dans les autres, formant une parabole magistrale de ce qu’est le trafic de drogues aux Etats-Unis et à travers le monde : un poison répandu dans les veines d’un système, sans antidote assez puissant pour pouvoir être stoppé. Et là où le film pourrait tomber dans le strictement politique (classique et ennuyeux comme nous en sert régulièrement Hollywood), Soderbergh impose une forme ambitieuse, n’hésitant pas à grossièrement saturer l’image dans les jaunes ou les bleus, voire à trancher dans le vif pour ce qui est du montage. La dynamique est efficace au possible et les effets inattendus, au service d’un discours désillusoire. Obsession, récit maîtrisé, rythme effréné, style affirmé : on n’en dément pas, Traffic est un bon film et Soderbergh un véritable auteur.

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